J’ai pris cette photo au sud-est du Bénin lors de l’un de mes voyages solidaires, dans un village retiré près de Porto-Novo, la capitale.
C’était une soirée improvisée où ma fille testait son djembé conçu sur place les jours précédents. Les enfants se mettent naturellement à danser et nous entraînent sur des rythmes endiablés…
Cette photo représente pour moi la vie car au Bénin comme dans de nombreux autres pays africains, les enfants sont souvent pieds-nus, mangent avec les mains à même le sol, font leurs devoirs assis sur une marche, jouent avec un rien… Les bébés sont tous allaités et portés et ces petits êtres en devenir développent donc leur tonus musculaire et leur curiosité puisque leur corps suit les mouvements de leur maman. Ils ne sont pas calés dans les poussettes et transats… ils sont en perpétuel mouvement : pas besoin de leur parler de motricité libre, c’est naturel chez eux. Dès le plus jeune âge, ils se tiennent à plusieurs sur la moto de leur papa…
Ils sont certes plus touchés que nous par les maladies (et surtout plus dépourvus en soin) ou souffrent du manque de nourriture, mais en tous les cas, ils sont plus en forme au niveau moteur que nos enfants occidentaux.
Le mouvement, c’est la vie et comme le dit Franck FORENCICH (1): « Consultez votre médecin avant de vous lancer dans un programme d’inactivité physique »
Dans notre société, tout va dans le sens de la non-utilisation de son corps : passer au « Drive » pour récupérer ses courses, utiliser un tire-bouchon électrique, tondre la pelouse avec un robot, se garer auprès de notre destination parce qu’on n’a pas le temps ou pas envie de faire 50 mètres à pieds…
Et je ne parle pas des écrans qui nous lobotomisent (2) complètement… auxquels on peut rajouter les effets néfastes des ondes électromagnétiques sur la santé. Même lorsque nous nous baladons en famille, au moins un des membres a son téléphone sur lui… pour regarder l’heure car nous n’avons plus de montre… et si jamais on a besoin de nous joindre. Nous nous croyons libres avec les nouvelles technologies mais en fait nous sommes à l’affût de messages : cela devient une addiction de regarder son téléphone au cas où… Ça peut même aller jusqu’à l’angoisse de rater une information : c’est le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out, en anglais, la peur de rater quelque chose).
On se plaint de nos enfants qui sont accros aux jeux mais commençons par montrer l’exemple.
Certes il faut vivre avec son temps mais de même que l’on est en capacité de patienter pour certaines habitudes ou besoins quotidiens, faisons l’effort de laisser les écrans de côté quand nous sommes en train de faire autre chose comme prendre un repas ou discuter avec quelqu’un. Il n’y a que rarement urgence à répondre à un message si ce n’est une croyance…
Les enfants africains n’ont pas (encore) accès à tous ces gadgets et sont donc beaucoup plus dans le jeu et la créativité comme notre génération pouvait l’être, enfant.
Je m’inquiète vraiment de la santé mentale de ces ados accros à leur écran. Mis à part le fait qu’il soient complètement coupés d’interaction avec l’extérieur, ou quand ils le sont, ils sont agressifs tellement leur esprit est prisonnier de ce gadget. Ils le prennent pour leur doudou… Vous voyez la comparaison ? Non ?… Et bien c’est simple, l’écran est devenu un nouvel objet transitionnel sauf que celui-ci est nocif. Les jeunes se raccrochent à lui et peuvent faire une crise lorsqu’on les en prive… affolant, n’est-ce pas ? Ce qui m’étonne le plus, c’est que cette génération née avec le numérique, soi-disant à l’aise avec les nouvelles technologies, ne développe pas une aisance particulière ni une curiosité (pourtant innée chez les plus jeunes) à aller chercher des infos sur internet quand il s’agit de mieux comprendre une leçon. Pour rassembler des informations sur une thématique liée par exemple à un exposé, c’est plus facile car il y a une consigne au départ. De toute façon, rien ne vaut un échange avec ses parents ou frères/sœurs aînés, pourvu que ceux-ci soient bien-entendu disposés à écouter (sans être dérangé par le signal d’un message donc).
Quant à la pertinence des manuels scolaires numériques, il faudra qu’on m’explique… à part un sac à dos moins lourd, je ne vois pas, désolée…
Un autre aspect de notre vie occidentale auquel les enfants africains n’ont pas ou peu accès, c’est la consommation de sucre. Les parents s’étonnent de l’excitation de leurs enfants, certains d’entre eux prennent un traitement médical pour contenir leur hyperactivité. Mais ces même enfants boivent-il de l’eau ou des boissons sucrées toute la semaine ? Que mangent-ils, en particulier au petit déjeuner ou au goûter ? Le sucre non naturel (caché dans les produits industriels) est un facteur important qui, en plus de favoriser la prise de poids, entraine des perturbations au niveau du cerveau. Trop de sucres rapides empêche une bonne concentration car si le cerveau a besoin de glucose, un surplus provoque l’effet inverse, tout est question de dosage… et de qualité des aliments que nous consommons.
Et comme dit Paul LANDON, mon génialissime formateur en Intégration Motrice Primordiale et réflexes archaïques (IMP) : « Ce n’est pas bouger qui fait aller mieux, c’est ne pas bouger qui fait aller mal. ». Savez-vous que le mouvement a une influence sur notre cognition, notre motricité et même sur nos émotions… c’est tout cela que j’explique en partie dans mes conférences et ateliers sur le merveilleux monde de Réflexes Archaïques !
(1): « L’animal exubérant » de Franck FORENCICH – Version française 2018 – Editions Ressources Primordiales
(2): « TV lobotomie » – 2011 et « La fabrique du crétin digital » – 2019 de Michel DESMURGET – Editions du Seuil